La bataille du Saint-Laurent dans son ensemble
La Seconde Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale est un conflit armé à l’échelle planétaire qui se déroule entre 1939 et 1945. Au cours de cette guerre, 1 031 902 Canadiens et 49 963 Canadiennes s’enrôlent. Parmi eux, on compte malheureusement 44 927 morts, 53 145 blessés et 8 271 prisonniers de guerre (Source : Votre Marine en Action).
La Bataille de l’Atlantique
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la guerre se passe à terre, dans les airs, mais aussi sur l’eau. Une lutte se livre entre les différents partis pour le contrôle des routes maritimes entre les Amériques, l’Europe et l’Afrique. Entre 1939 et 1945, on compte plus de 100 000 hommes et femmes qui se joignent aux rangs de la Marine royale canadienne. On dénombre malheureusement plus de 2 000 pertes humaines au sein de la Marine royale canadienne et 752 membres de l’Aviation royale canadienne en cours d’opérations navales (Source : Votre Marine en Action).
Il y a eu six vagues d’incursions des U-Boote allemands à l’intérieur des eaux côtières canadiennes. Le 13 janvier 1942, le Montreal Daily Star annonçait la première vague d’attaque avec la manchette « La guerre arrive en Nouvelle-Écosse ». C’était le début de l’opération Coup de tambour « Paukenschlag » sur les côtes de l’Amérique du Nord. De janvier à mars 1942, l’opération comptait déjà 42 navires de coulés en eaux canadiennes (Source : HADLEY, 1985).
La Bataille du Saint-Laurent
Nous devons l’expression de « Battle of the St Lawrence » au journal d’Ottawa. La bataille du Saint-Laurent n’est pas une bataille proprement dit, mais une série d’incursions des sous-marins allemands dans le fleuve. Théâtre canadien de la Deuxième Guerre mondiale, cette guerre navale se déroule principalement à proximité de zones habitées. L’objectif principal des Allemands est de mettre un terme à l’approvisionnement destiné à la Grande-Bretagne et aux troupes alliées (Source : HADLEY, 1985).
Malgré le fait que les sous-marins allemands naviguent sur le fleuve depuis un certain temps et que plusieurs navires aient déjà été coulés en eaux canadiennes, la bataille du Saint-Laurent commence avec le naufrage du SS Nicoya et du SS Leto dans la nuit du 11 au 12 mai 1942. À la suite de cela, le ministère des affaires navales émet un communiqué de presse et le 17 mai, le plan de défense du Saint-Laurent est mis en action. Le système de convoi est alors instauré et les lumières du phare de Gaspé sont éteintes. Le 9 septembre 1942, le fleuve Saint-Laurent est fermé au trafic maritime (Source : HADLEY, 1985).
De 1942 à 1944, une quinzaine de sous-marins allemands pénètrent dans les eaux canadiennes. Huit d’entre eux coulent et endommagent des navires marchands et des bateaux de la Marine royale canadienne. Vingt-deux (22) navires ont été coulés au Canada, dont seize (16) au Québec pendant la bataille du Saint-Laurent (1942-1944). D’autres furent endommagés, mais demeurèrent à flot. Pendant cette période, on compte la perte d’environ 147 membres de la Marine royale canadienne en plus de 89 membres de la Marine marchande canadienne ou alliée, et les 136 passagers du traversier SS Caribou (Source : Votre Marine en Action).
Pour les commandants des sous-marins allemands, malgré les succès remportés, c’est une campagne difficile. Les forces canadiennes, et particulièrement l’aviation, attaquent souvent et avec précision. Les ripostes lancées ont endommagé plusieurs sous-marins au point où leurs commandants ont souvent dû retraiter et plonger en catastrophe. Quelques sous-marins furent touchés, mais aucun n’a été coulé (Source : André Kirouac, 2004).
Extraits tirés du livre Rien de plus noble (2002) afin d’introduire la Bataille du Saint-Laurent
[…] c’est le renforcement du système de la défense des Alliées dans l’Atlantique Ouest, entre février et mai 1942, qui persuada Dönitz d’engager ses sous-marins dans des secteurs moins protégés. (chapitre 8, p. 473)
La campagne des U-Boote dans le golfe du Saint-Laurent commença par hasard, mais elle allait revêtir une grande importance, d’abord pour le Canada et, ultimement, pour toutes les opérations allemandes. […] le sous-marin U-553 avait été endommagé par des escorteurs au sud de Terre-Neuve en mai 1942. Des avaries mécaniques encore plus graves venant s’ajouter à ces dégâts, le commandant Thurmann estima qu’il ne pouvait entreprendre de réparations tout en continuant sa mission dans les eaux fortement défendues autour d’Halifax. En conséquence, il décida judicieusement de se rendre dans les eaux plus tranquilles du golfe du Saint-Laurent qui venait d’être libéré des glaces hivernales. Cela lui permettait du même coup d’embusquer les navires qui reprenaient leurs activités dans les eaux côtières. Peu après minuit, le 12 mai, Thurmann arriva au large de la côte nord de la péninsule de Gaspé et coula rapidement deux navires, le Nicoya et le Leto. Ces deux bâtiments avaient quitté Montréal le 10 mai et faisaient route l’un vers Halifax et l’autre vers Sydney pour rallier les convois transatlantiques. (chapitre 8, p. 474)
Le 9 mai, le premier convoi improvisé, QSS 1 accapara tous les escorteurs disponibles, protégé qu’il était par la nouvelle corvette NCSM La Malbaie et par le Bangor NCSM Granby. Le lendemain, les infortunés Leto et Nicoya devaient quitter le port de Montréal sans protection, car on n’avait trouvé aucun escorteur disponible pour les accompagner. (chapitre 8, p. 478)
[…] le renforcement des défenses canadiennes à l’automne 1942, en particulier les patrouilles aériennes offensives, avait rendu impossible la conduite d’opérations de chasse par des sous-marins conventionnels. Voilà pourquoi les Allemands « évacuèrent » le Saint-Laurent à la fin de la saison 1942. (chapitre 8, p. 528)
Pour en savoir plus au sujet de la bataille du Saint-Laurent :
« La bataille du Saint-Laurent », dans DOUGLAS, W. A. B., et al., Rien de plus noble: histoire officielle de la Marine royale du Canada pendant la Deuxième guerre mondiale, 1939-1943, volume 2, partie 1, St. Catharines, Vanwell Pub., 2002, p. 473-528.
KIROUAC, André, « Un hommage aux marins d’origine hellénique décédés au cours de la bataille du Saint-Laurent », Magazine Gaspésie, vol. 40, no 2, hiver 2004, p.2.
GREENFIELD, Nathan M., « La bataille que le Canada a choisi d’oublier », Magazine Gaspésie, vol. 40, no 1, été 2003, p. 29-30.
GREENFIELD, Nathan M., The Battle of the St. Lawrence, Scarborough, Harper Collins Publishers, 2004, 286 p.
HADLEY, Michael L., U-boats Against Canada: German Submarines in Canadian Waters, Kingston, Ont.: McGill-Queen’s University Press, c1985, 416 p.
HADLEY, Michael L., « La bataille du Saint-Laurent », Magazine Gaspésie, vol. 40, no 1, été 2003, p. 15-19.
SARTY, Roger, « Une défaite presque totale pour le Canada ? », Magazine Gaspésie, vol. 40, no 1, été 2003, p. 31-35.
SARTY, Roger, War in the St. Lawrence: the Forgotten U-Boat Battles on Canada’s Shores, Toronto, Allen Lane, 2012, 355 p.
TRÉPANIER, Louis, « 1942 : la Bataille du Saint-Laurent », Revue d’histoire du Bas Saint-Laurent, vol. 9, no 3, octobre-décembre 1983, p. 85-96.